Les marées océaniques, par la forte dissipation d’énergie qu’elles induisent, contrôlent de façon prédominante l’évolution des systèmes dynamiques abritant des planètes semblables à la Terre. Les solutions récemment obtenues pour le système Terre-Lune montrent que cette évolution, loin d’être régulière, subit d’importantes variations lorsque les modes propres océaniques excités par les forces gravifiques du corps perturbateur entrent en résonance. Les fréquences d’excitation pour lesquelles apparaissent ces résonances sont déterminées par la géométrie du bassin océanique, et dépendent par conséquent de la distribution continentale. Dans cet exposé, nous analyserons la signature d’un supercontinent unique dans la dissipation d’énergie des marées océaniques à travers une approche inspirée de la géométrie spectrale. Nous nous appuierons pour cela sur un nouveau formalisme généralisant à des continents de taille arbitraire la théorie semi-analytique élaborée pour les continents hémisphériques. Nous montrerons que l’effet de la continentalité se manifeste par d’abruptes transitions de régime entre continents polaires et non-polaires, et entre moyens et petits continents, le modèle prédisant notamment qu’un continent de taille inférieure à l’Amérique du Sud n’altère pas qualitativement la réponse de marée d’un océan global.
Alain Albouy, Alain Chenciner, Jacques Laskar