Les ciels des Iraniens. Entre modèles primitifs et modèles sphériques. Science et théologie face aux phénomènes astronomiques

Non programmé
1h
Salle du Conseil (Bâtiment Perrault)

Salle du Conseil

Bâtiment Perrault

Orateur

M. Antonio Panaino (Université de Bologne, Ravenne)

Description

L’idée selon laquelle l’image de la « sphère » et sa conceptualisation intellectuelle constituent une sorte d’intuition a priori est un mythe pseudo-scientifique. Ce fantôme persiste dans le contexte de la littérature académique sur le monde ancien et imprègne les traités les plus populaires. Cela est dû au fait que le problème a rarement été abordé de manière systématique, à la lumière d’une évaluation sérieuse de l’analyse linguistique et ethno-anthropologique des sources anciennes, tout en gardant une distance prudente avec les formes extrêmes et déformées d’« hellénophilie ». Au contraire, il est très fréquent que, dans la description du cosmos ou de la voûte céleste, même des érudits prudents n’aient pas réfléchi au fait qu’on suppose trop souvent que le système cosmique était communément perçu en orient de la même manière que les philosophes grecs de l'époque du 5ème/4ème siècle avant JC. De plus, même si nous prétendons que les anciens ont dû concevoir la nature comme nous le faisons (contre l’évidence de l’anthropologie et de l’histoire des sciences), nous supposons également que les Grecs avaient eux aussi déjà en tête et a priori le concept géo-cosmologique de sphéricité. En pratique, on place d'abord l'idée abstraite de « sphéricité » puis le « jeu de balle » des enfants, quand la σφαῖρα des textes homériques se réfère exclusivement à l’acte de jouer, jamais à un système céleste. En réalité, les Grecs n’ont conçu la sphéricité du monde qu'avec Pythagore et à ses temps, et les conséquences astronomiques et géométriques de cette hypothèse ont déterminé la mise à jour progressive de l'astronomie ancienne. Cette évolution est déjà visible dans l’extension du champ sémantique couvert par le mot σφαῖρα, qui désignait à l’origine une balle de jeu, avant de s’étendre à une forme géométrique. Dans les mondes mésopotamien, égyptien et iranien, par exemple, on ne trouve pas de mots appropriés pour désigner une « sphère » comprise comme un corps géométrique (alors qu'on trouve des termes pour « cercle », mais il s’agit d'un concept assez différent). De plus, dans de tels contextes, aucune sphère/boule n’est reliée à la voûte céleste. Mais, si la diffusion progressive des modèles astronomiques grecs a joué une énorme influence sur l’évolution ultérieure de l’astronomie et de l’astrologie orientales, seuls les savants chinois semblent avoir pu élaborer, indépendamment de l’influence occidentale, un concept tel que celui de sphère céleste. Cette contribution, qui détaille et précise certains aspects de la question, montrera comment l'entrée dans la culture iranienne de l'idée de sphéricité a produit une très curieuse synthèse, dans laquelle des modèles incompatibles viennent cohabiter avec des subterfuges particuliers. La représentation iranienne ancienne des ciels superposés, dont celui plus bas correspondait au niveau des étoiles, recoupe une structure homocentrique. La clé pour interpréter et résoudre ces incohérences bizarres, résultat de la coexistence de modèles primitifs avec une nouvelle mécanique céleste, sera le sujet de cette discussion.

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